Pierre Hillard, de la dissolution du complotisme
De l'intérêt de lire Hillard
Sur la toile une réelle sociologie des élites et in fine une localisation du pouvoir sont réalisées. Cependant, on constate l'essor de thèses saugrenues et infondées : les théories complotistes. Et afin d'éviter toute logorrhée complotiste il est nécessaire de travailler consciencieusement eu égard à ce sujet : la conspiration. À ce titre, le travail de Pierre Hillard se révèle être instructif.
Le rigorisme méthodologique,
gage de bonne foi intellectuelle
Pierre Hillard, quant à sa méthode de recherche et d'analyse, se
rattache à une déontologie sociologique traditionnelle, exposée entre autres
par Emile Durkheim : la neutralité
axiologique. Il s'agit de se départir de toute croyance lors de l'étude
d'un objet social. De ce postulat découle plusieurs conséquences : le principe
de causalité, la connaissance historique et psychologique de l'homme.
S'astreindre à ses principes nécessite un réel travail sur soi ; il n'est
jamais évident de s'extraire complètement de son ressentiment à l'approche de
sujets qui peuvent affecter notre être. Ainsi, Pierre Hillard met en exergue
Jacques Bainville : ''En politique, il s'agit de ne pas se tromper, de ne pas
regarder les choses à travers des lunettes colorées, selon les doctrines, les
préférences et les illusions personnelles''.
À la lecture des ouvrages de Pierre Hillard, on ne peut que constater
que celui-ci fait oeuvre de diligence intellectuelle : le lecteur croule même
sous le nombre de références et de textes vérifiables. Celui-ci -même averti-
peut tomber des nues en lisant et en vérifiant certaines références données.
Cependant, le factuel peut parfois amener à un autre écueil : la compilation de
documents sans sens général apporté à celle-ci. Pareil à un code de la route :
on a les informations, mais pas la direction.
Une grille de lecture,
gage de cohésion intellectuelle.
Comme expliqué précédemment, afin d'apporter une plus-value au travail de recherche et de compilation, qui demande dans le traitement des documents une neutralité axiologique, il est nécessaire de donner un sens, une grille de lecture, de reprendre possession de soi afin de donner un éclairage aux lecteurs. Et c'est parfois ici que le bât blesse. Pierre Hillard contourne cet écueil au moyen de deux idées :
La destruction des nations par l'ethno-régionalisme. Afin de briser ce qui constitue aujourd'hui un obstacle à l'essor d'une gouvernance globale, à savoir l'État-nation, Pierre Hillard démontre qu'une alliance objective existe entre l'élite mondialiste et les mouvements identitaires régionalistes. On peut par exemple penser au mouvement des Verts au niveau européen qui s'est allié aux mouvements identitaires régionalistes, pourtant catalogués à l'extrême droite.
La théorie des blocs. Selon Pierre Hillard, l'idéologie mondialiste
procède step by step. Des blocs
continentaux sont constitués à travers le monde et puis ceux-ci ont vocation à
s'agréger autour d'un gouvernement mondial. L'UNASUR présente à cet effet
toutes les caractéristiques d'un bloc continental fidèle à la stratégie
mondialiste nonobstant que celle-ci se soit constituée contre l'hégémonie
états-unienne et que Chavez en soit partie prenante.
Ces idées soulèvent des questions
concernant la pensée de Hillard eu égard aux hommes, à la résistance et
à l'Histoire (ou histoire) :
- La
constitution de blocs continentaux face à l'Empire euro-atlantique porte-t-elle
intrinsèquement les germes de l'idéologie mondialiste ?
- La
résistance à l'idéologie mondialiste passe-t-elle seulement par le nationalisme
et éventuellement l'association -et non la confusion- de nations entre-elles ?
- Le
mondialisme, à travers l'allégorie de la Tour de Babel, est-il ''la fin de l'histoire'' ?
- L'homme
a-t-il une place dans ce jeu complexe politicien si ce n'est le salut et
l'attente de la parousie ?
Autant de questions
qui peuvent laisser le lecteur sur sa faim, même si des réponses sont
esquissées au détour de quelques références et conclusions. Mais si Pierre
Hillard ne se livre peut-être pas assez dans son analyse et sa pensée, il trace
les grandes lignes conceptuelles permettant la compréhension de sa recherche
rigoureuse.
Contre le complotisme, lire Hillard
Au sortir de la lecture de Pierre Hillard on ne peut que se méfier de tout verbiage complotiste : toute information doit-être vérifiée et contextualisée. Mais également lire Pierre Hillard c'est se prémunir de toute ingénuité politique : la conspiration ça existe, ça a existé et ça existera, sous des formes complexes et variées impliquant de nombreux paramètres laissant place à l'homme dans toute sa grandeur et toute sa bassesse.
Maxime
Commentaires (3)
1. Toine vendredi 04 février 2011 à 17H34
Très bon !
Élaguer un peu quand ça devient trop confus, ça fait plaisir.
Les bonnes questions sont posées. Important de préciser qu'il ne faut pas confondre complotisme et études sérieuses sur les réseaux et organisations qui travaillent pour arriver à leurs fins. Pierre Hillard est une véritable référence en la matière.
Félicitation !
2. michel mardi 08 février 2011 à 04H26
La remarque du début d'article, c'est vraiment pas sympa pour LLP !
3. walter mardi 01 mars 2011 à 21H55
Pierre Hillard a mis le doigt sur un sujet énorme.Il ne faut pas avoir peur du mot complot car il semble que le projet mondialiste est incontournable et est imposé à l'humanité depuis des siècles sans qu'on lui ait demandé son avis ,reste la réalité d'une conquête du pouvoir planétaire dont la réalisation et la finalité échappe à l'entendement.En plus ce sujet est peu connu du grand public car peu traité en france...Un sujet vaste et complexe que j'ai découvert grâce à monsieur Hillard :Merci à lui !!Lézard vous avez dit lézard!!
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