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Fiches de lecture

Pour en finir avec le peuple juif

"Encore une saillie nauséabonde!" Avant d'appeler le CRIF, prenez tout de même quelques minutes pour lire ce qui suit.

 

À l’heure où les réseaux sionistes appellent à une nouvelle croisade de l’Occident contre le péril islamique, favorisant par là-même la renaissance d’un antisémitisme qu’on croyait mort au siècle dernier sous les bombes soviétiques, il n’est sans doute pas inutile de trouver le temps de se pencher sur les travaux de Shlomo Sand qui apportent de nombreux éclaircissements sur la nature du sionisme, de la judaïté, de la nationalité israélienne, et des rapports qu’ entretiennent celles-ci.

Shlomo Sand est un historien israélien, enseignant à l’université de Tel-Aviv. Issu d’une famille d’extrême-gauche fortement marquée par le patriotisme et l’athéisme, il sera amené à s’interroger sur l’identité des juifs non croyants et des Israéliens.

Il publiera en 2008 le livre Comment le peuple juif fut inventé ? dans lequel il expliquera comment ses recherches l’on amené à la conclusion que le peuple juif est un mythe chrétien popularisé sous l’Empire romain au point d’intégrer la tradition juive, avant de prendre une forme laïque au XIXème siècle sous la plume d’écrivains romantiques.

Shlomo Sand

Shlomo Sand, le visage innondé par la douce lumière de la révélation divine.

N’en déplaise aux représentants de la machine procédurière sioniste qui, au vu du titre de l’article, auraient pensé trouver ici matière à un lucratif procès, il ne s’agit donc que d’établir pourquoi il n’existe rien de tel que le peuple juif, mais une religion nommée le judaïsme - compatible avec les différentes cultures et nationalités du monde – et un peuple israélien dont les membres ne sont pas nécessairement adeptes de celle-ci.

Il est sans doute nécessaire de rappeler ici sommairement l’histoire des juifs  telle qu’elle est inscrite dans la mémoire collective de la plupart des peuples du monde.

Le mythistoire peut-être divisé en deux grandes époques : la période vétérotestamentaire et la période de diaspora.

La première reprend les principaux événements dont il est question dans l’Ancien Testament : l’esclavage en Egypte, l’Exode, la conquête de la Palestine, les royaumes de David et de Salomon, l’Exil babylonien et le retour en Palestine. Ils sont censés décrire la genèse d’une nation, Israël, et furent sans doute écrits en partie dans ce but à une époque où le royaume Hébreu cherchait à renforcer sa cohésion.

Cependant l’Ancien Testament n’est pas un livre d’histoire mais un recueil de contes poétiques et théologiques. Shlomo Sand va montrer comment des historiens partiaux – des religieux juifs et chrétiens pour qui l’Ancien Testament est un pilier de leur foi, puis des essentialistes juifs et enfin des sionistes – vont donner une crédibilité historique aux récits de la Bible en occultant systématiquement dans leurs travaux les événements la contredisant.

David 

La victoire de David sur Goliath : un grand moment de l’histoire nationale israélienne.
Pourquoi pas Ulysse et le Cyclope dans les livres d’histoire grecs ?

La seconde période voit le peuple juif exilé hors de Palestine par l’Empire romain en représaille des révoltes de 70 et 135 ap. J.C. Épisode à la suite duquel le peuple-race errera dispersé à la surface du globe, protégé de l’assimilation par sa religion communautaire, pour finalement éprouver tout naturellement à partir du XIXème siècle le désir de retourner sur une terre qui n’avait finalement jamais cessé d’être sienne.

Seulement voilà : l’Exil est un événement qui n’a jamais eu lieu.

Comme va le découvrir Shlomo Sand, et comme le savent tous les historiens spécialisés, il n’y a pas un seul livre attestant du fait que les Romains auraient exilé les Hébreux.

L’Exil est un mythe chrétien, imaginé par les Pères de l’Église qui voulaient démontrer que Dieu avait puni les juifs pour le meurtre de Jésus et pour avoir refusé la nouvelle foi. Un mythe qui va s’imposer à mesure que le christianisme va s’imposer pour devenir la religion de l’Empire.

Ce mythe de l’Exil sera intégré à la tradition juive au IVème siècle avec un sens métaphysique.

L’état d’Exil ne sera pas, pour les adeptes du judaïsme, le fait de vivre hors de la patrie originelle, mais celui d’être vaincu politiquement par l’Empire romain et religieusement par le christianisme. Cet Exil métaphysique aura bien une date laïque – 70 ap. J.C. – qui correspond bien à celle de la violente répression romaine, mais en tant qu’événement marquant le début de la domination politico-religieuse de l’Empire et pas le début d’un exode physique.

L’Exil est un état d’expiation dans lequel on souffre pour obtenir la rédemption. Dieu alors accordera son pardon et enverra son Messie qui rassemblera les juifs à Jérusalem. C’est pourquoi les premiers à s’opposer au sionisme seront les juifs orthodoxes qui verront dans ce projet une rébellion contre Dieu. D’ailleurs les juifs ne chercheront jamais à retourner en Palestine avant le mouvement sioniste. Les Sépharades expulsés d’Espagne en 1492  s’installeront principalement au Maghreb et les Ashkénazes fuiront les pogroms du XIXème siècle vers l’Europe occidentale.

Les sionistes, bien conscient que le grand publique associait “ répression romaine “ et “ Exil “ se garderont bien de traiter la question. Ils considèreront la chose comme allant de soi.

Mais si il n’y a pas eu d’Exil, alors d’où viennent les juifs du monde et pourquoi n’y en avait-il presque plus en Palestine avant le mouvement sioniste ?

La seconde question trouve une réponse simple : la majorité d’entre eux se convertiront à l’Islam après la conquête arabe des années 640, pour échapper au système d’impôt médiéval islamique qui charge lourdement les non-musulmans. Leurs descendants formeront - après les brassages ethnico-culturels qu’impliquent treize siècles d’histoire – le peuple palestinien.

En ce qui concerne l’origine des communautés juive non-hébreuses, Shlomo Sand va découvrir qu’elles sont les résultats de conversions. La chose peut surprendre aujourd’hui, mais il faut avoir à l’esprit qu’avant la rédaction des Talmuds au IVème siècle – rédigés dans un contexte de persécutions romano-chrétiennes – le judaïsme n’avait pas encore acquis son caractère communautaire et manifestait même un fort prosélytisme.

Sous l’Empire romain qui unifie la Méditerranée et facilite les communications, le judaïsme va prospérer avant la naissance du christianisme. Jusqu’à 7-8% des habitants de l’Empire seront juifs, une telle population ne peut venir de la petite province hébreuse.

À tel point que pour l’ordre social impérial qui repose sur le paganisme, les juifs vont devenir une menace et seront persécutés comme le seront plus tard les chrétiens pour les même raisons.

En 139 av. J.C., en 19 et 49 ap. J.C les communautés juives romaines seront expulsées pour prosélytisme.

Il faut également relever les nombreux cas où des peuples entiers se convertiront. Le pays d’Idumée sera converti de force en 125 av. J.C. après sa conquête par Hyrcan. En 104 ap. J.C., Aristobule annexera la Galilée et convertira les Ituréens. Dans les années 30 ap. J.C., le royaume d’Adiabène adoptera le judaïsme.

CarteLe royaume d’Himyar, qui dominera le Yémen du Ier au VIème siècle, se convertira au judaïsme en 380.

Paul Wexler, auteur du livre Les origines non juives des juifs sépharades, mettra en évidence par la linguistique que les juifs d’Espagne ont des origines berbères, arabes et européennes mais en aucun cas hébreuses.

Les communautés ashkénazes sont très probablement issues de l’empire caucasien Khazar. Constitué de peuples turcs et slaves, il dominera la région du VIème au Xème siècle et se convertira au judaïsme au début du IXème siècle, sans doute pour bénéficier des avantages fédérateurs du monothéisme tout en affirmant son indépendance face à ses puissants voisins chrétiens et musulmans.

Kahzan

L’empire juif Khazar, un petit machin oublié de l’histoire...

Bien entendu les différentes autorités chrétiennes, judaïques, essentialistes puis sionistes vont successivement passer ces épisodes sous silence pour défendre leurs visions du monde respectives qui reposent sur le mythe du peuple-race, errant et inassimilable.

 

Néanmoins le temps est peut-être venu aujourd’hui – et le succès du livre de Shlomo Sand en Israël semble en attester – d’abandonner cette vision tribale héritée du passé, pour que d’une part les adeptes de cette religion qu’est le judaïsme puissent mener des existences pleinement intégrées au sein des nations sont ils sont issus - à l’abri de l’antisémitisme comme du repli communautaire -,  et d’autre part pour que le peuple israélien aux origines multiculturelles et multireligieuses (20% des Israéliens sont des musulmans exclus de la société), puisse envisager un avenir pacifique avec ses voisins comme à l’intérieur de ses frontières.

 

Gabriel Monier

Commentaires (2)

  1. 1. Max Alia mercredi 09 février 2011 à 11H21

    Le sionisme est un mouvement religieux. Non un mouvement laic comme le prétend Colon. Il est présent dès les origines. Au XIIe siècle ''l'Aigle de la synagogue'' disait : « Les Temps messianiques auront lieu lorsque les Juifs regagneront leur indépendance et retourneront tous en terre d'Israël». Nonobstant que beaucoup d'intellectuels juifs répugnent l'idée de se cantonner àIsrael, Israel c'est le monde pour eux. Cf Attali, Morin, David B>ronstein,etc. Et donc Tikkun Olam pour tous.
    Quelques extraits du texte de référence :
    Livre d'Isaie :
    Les fils de l'étranger rebâtiront tes murailles, et leurs rois seront tes serviteurs; car je t'ai frappée dans ma colère, mais, dans ma bienveillance, j'ai eu compassion de toi.
    11 Tes portes seront toujours ouvertes; jour et nuit, elles ne seront pas fermées, afin de laisser entrer chez toi les trésors des nations et leurs rois en cortège triomphal.
    12 Car la nation et le royaume qui ne te serviront point périront; ces nations-là seront entièrement détruites. (...)
    Les fils de tes oppresseurs viendront à toi le front courbé, et tous ceux qui te méprisaient se prosterneront à tes pieds; et l'on t'appellera la Ville de Yahweh, la Sion du Saint d'Israël.
    15 Au lieu que tu étais délaissée, haïe et solitaire, je ferai de toi l'orgueil des siècles, la joie de toutes les générations.
    16 Tu suceras le lait des nations, tu suceras la mamelle des rois, et tu sauras que moi, Yahweh, je suis ton Sauveur, et que le Puissant de Jacob est ton Rédempteur. '' Quand A.S parle de convergence Textes saints/réalité, ce n'est pas pour rien...
    Quant à la question juive, éternelle question. Le concept évolien de race de l'esprit est sûrement intéressant à cet égard.(Le mythe du sang, Evola : La raison d'une telle unité ne doit pas être cherchée dans la race au sens strict, mais dans la force formatrice exercée par une idée et une tradition. C'est un Juif, James Darmesteter, qui a écrit «Le Juif a été formé, pour ne pas dire fabriqué, par ses livres et ses rites. Comme Adam est issu de Jéhovah, il est issu des mains de ses rabbins». C'est la Loi, la Torah, qui a créé le type juif et l'unité juive : cette loi pour les Juifs se substitue à la patrie, à la terre, à la nation, au sang lui-même; cette loi a survécu à un mélange racial originel, chaotique et détritique, lui a imposé une forme, a élaboré les instincts et les attitudes d'un type spécial, qui à travers les siècles, allait devenir héréditaire. '')
    Quant à ''abandonner cette vision tribale héritée du passé'', pourquoi pas ? Mais celle-ci sera abandonnée quand la communauté intéressée l'abandonnera par l'esprit et la pratique. Les patriotes ne veulent pas de Disraeli ou de Kemal... Ni de Warburg, Kuhn, Loeb and Co. etc. La balle est dans leur camp, une fois de plus...

  2. 2. Max Alia mercredi 09 février 2011 à 11H41

    Moralité, ce cher Sand n'en finit pas avec le peuple juif, mais en finit avec le mythe de la race juive, fruit du métissage dès l'origine. Ou il en finit avec le peuple juif au sens racialiste, mais tout le monde sait que la pureté raciale n'existe pour aucun peuple.

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